La baie de sureau est non seulement riche en vertus, mais aussi riche en histoire. Aucune autre plante ne peut se vanter d’avoir inspiré autant de légendes, parfois contradictoires, que le sureau. Car il était partout, près de chaque maison, sur chaque lopin de terre, où il s’invite tout seul.
Arbre nourricier, arbre protecteur au début des temps. La chrétienneté y mettra bon ordre.

Autrefois, il y a des milliers d’années, tout était considéré comme possédant sa divinité propre, le soleil et la lune, l’eau et le feu, les animaux et les arbres. Hylde-Moer, Elder Mother, Hilde-Vinde, Mère Sureau, ou Fée du sureau qui a inspiré le conte de Hans Christian Andersen, était une divinité d’arbre très puissante. Elle était consacrée au sureau et se manifestait comme l’arbre lui-même. Cette divinité est, bien-sûr, bonne puisque c’est une mère.

Le sureau de semis spontané est particulièrement apprécié. S’il a choisi de venir vivre près de vous, vous êtes une maison favorisée. Et s’il n’est pas là, il est efficace de pendre au moins un rameau au-dessus du seuil pour dissuader le mal d’entrer.

Le sureau entrait dans la symbolique des rites funéraires chez les Celtes. C’était l’arbre des morts. Les druides confectionnaient avec son bois les flûtes qui leur servaient à converser avec les morts. Le treizième mois, Ruis, lui est consacré et aboutit à ce qui est aujourd’hui Halloween.
En Bretagne aussi, des fées se réfugient dans les fleurs, et chaque fleur serait une fée.
Dans la mythologie nordique, il est consacré au dieu du tonnerre, Thunar. Dans la mythologie grecque, ses baies sont nourriture des dieux. En Allemagne, il avait le pouvoir de mettre fin à la stérilité des couples. Les suédoises enceintes l’embrassent pour se protéger. Dans les légendes allemandes, la flûte magique est faite d’une tige de sureau.

Mais on en fait aussi de puissantes baguettes magiques et des bâtons pour protéger les voyageurs (on peut le remplacer par un morceau de sureau dans la boîte à gants). En Russie, c’est par amour de toute vie qu’il éloigne le mal.

En Angleterre il protégeait le bétail et était planté à proximité des étables. Il était particulièrement planté autour des portes et des fenêtres des laiteries pour protéger le lait. Ce pouvoir agissait sans doute effectivement puisqu’il repousse les mouches et les contaminations qu’elles apportent.
Il avait aussi des côtés négatifs, voire dangereux, mais ils étaient généralement liés à un manque de respect pour l’arbre et sa déesse, ou une utilisation non conseillée : couper une branche sans demander la permission à Hylde-Moer, brûler son bois… Seuls les prêtres pouvaient brûler son bois rituellement en l’honneur de Mère-Sureau.

C’est lorsque les missionnaires commencèrent à évangéliser qu’il devint néfaste. Il fallait supprimer toutes les vieilles croyances. Hylde-Moer et la Vierge Marie ne pouvaient coexister. Pour détruire la réputation du sureau, l’Eglise lui donna un rôle dans les pires évènements de la vie du Christ : la Trahison et la Crucifixion.

On lui attribua le bois dont était faite la croix de Jésus, il devint l’arbre auquel Judas s’est pendu. Il devint l’arbre le plus malfaisant, l’arbre des sorciers, il fut même excommunié !

Il a eu beaucoup de mal à surmonter cette mauvaise réputation qui lui fut faite, du moins dans certaines provinces françaises, où il était même considéré comme toxique.

Si vous souhaitez planter un arbre, commencez par un sureau, le sureau noir (Sambuccus nigra) : il nourrira les oiseaux et vous apportera tous ses bienfaits.

Source : https://sureaux.blogspot.com/2008/12/le-sureau-noir-lgendes-et-croyances.html

Photo : Grande Encyclopédie des Fées, textes, Pierre Dubois ; ill., Claudine & Roland Sabatier, edition Hoëbeke